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ANNÉE
2025
Olivia Wenzel, Anne Rabe, Slata Roschal, Tomer Gardi, Mátyás Dunajcsik, Sebastian Unger, Alexandru Bulucz, Karin Peschka.

Appartenir. C'est une question que posent les textes choisis et traduits dans ce numéro : Appartenir ?

À une langue commune : l'allemand ? À un espace commun : culturel, national, germanophone ? Car en leur sein, des langues et des espaces autres s'incorporent aux existences. On se tient là, quelque part, en faisant aussi partie d'un autre part. Au gré de ce qui est vécu, senti, perçu, au gré de ce pour quoi on est perçu.

Olivia Wenzel donne corps et voix aux méandres de l'angoisse : celle d'une protagoniste qui appartient à un pays aux frontières redessinées et se trouve aux prises avec les attitudes et discours haineux, violents qui viennent s'immiscer jusqu'en elle.

Une violence dont est aussi saturé le texte d'Anne Rabe. Elle la raconte, empoisonnant la vie familiale et scolaire d'une adolescente à laquelle il est devenu impossible de se défaire de systèmes infestés de relents monstrueux.

La narratrice du texte polymorphe de Slata Roschal, elle aussi, a grandi dans l'est de l'Allemagne, mais elle semble enracinée ailleurs. Russe, allemande, juive, femme, elle n'appartient ni à l'une ni l'autre de ces identités, elle se tient en équilibre dans une forme de non-existence.

Équilibre que le texte de Tomer Gardi fait vaciller, quand la langue se tord en une mauvaise grammaire, incarnée par un intrus qui cherche sa place au Musée juif de Berlin, troublant une culture allemande casséebroken – par la mémoire.

Trouble dans la langue, celle-ci devient plurielle dans les poèmes de Mátyás Dunajcsik, qui transpirent la joie d'appartenir à leur vocation, celle d'être libres et de sauver le monde.

Un monde plongé dans l'ombre, à Kyiv, où Sebastian Unger observe le traducteur Mark Belorusets à tâche, éclairé à la seule lueur des poésies d'Ilse Aichinger – la traduction comme refuge d'un destin, lorsque tout semble disparaître.

Un monde disparu dans l'esprit des rêves poétiques d'Alexandru Bulucz, invoquant une Roumanie de souvenirs.

Les souvenirs, Karin Peschka les relève de l'oubli, auquel appartient l'histoire d'un Yougoslave, d'un curé et d'un cimetière dans une bourgade autrichienne.

Appartenir. Mais où, quand et à quoi quand on est maintenu à part, en marge, par le cours de l'Histoire ? On peut alors s'attacher à sa langue, son espace et choisir l'écriture, la littérature. Mais à qui appartiennent récit, mythe ou poème ?

Jeffrey Trehudic

pour le Conseil éditorial

Sommaire

Olivia Wenzel 1 000 méandres d'angoisse

traduction par Noémie Juglet

Anne Rabe La possibilité du bonheur

traduction par Sophie Picard

Slata Roschal 153 formes de non-être

traduction collective

sous la direction de Sylvie Grimm-Hamen

Tomer Gardi Sans sortir

traduction par Bernard Banoun

Mátyás Dunajcsik Poèmes perdus

traduction par Jeffrey Trehudic

Sebastian Unger Par-dessus les toits, vers le bas

traduction par Sven Keromnes

Alexandru Bulucz Simandre

traduction par Bernard Banoun

Karin Peschka Džomba

traduction par Françoise Toraille

COnSEIL ÉDITORIAL

Bernard Banoun

Sophie Picard

Sandra Schmidt

Catherine Teissier

Françoise Toraille

Joachim Umlauf

Responsable éditorial

Jeffrey Trehudic

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